
16 séances de négociation étalées sur 4 mois, c’est ce qu’il aura fallu pour prolonger le suspens d’une réforme sur la loi retraite de 2023. On pouvait décemment penser qu’il y aurait bien quelque chose en bout de course, un petit truc à se mettre sous la dent, mais il n’en est rien. Toutes ces agitations, ces rencontres entre les syndicats des travailleurs et ceux des patrons n’auront été que des gesticulations, et la preuve de l’incapacité de François Bayrou à résoudre le problème de la réforme des retraites. Alors qu’il annonce une rencontre de la dernière chance ce lundi, une motion de censure a été prononcée par le Parti Socialiste le 24 juin 2025, mettant en péril ce jeune gouvernement. Néanmoins, cette épopée stérile, cet échec du conclave sur les retraites, mérite une analyse, car elle est le symptôme de la fracture profonde entre travailleurs et patronat.
Cet échec peut laisser dans un flou artistique complet. On peut se demander comment connaître ses droits et s’assurer d’une retraite à taux plein. Nos experts de chez EOR vous proposent un accompagnement personnalisé pour vous aider dans vos démarches, un suivi qui débute par un bilan retraite sur-mesure pour faire un état des lieux de votre situation.
Un âge de départ à la retraite qui n’a pas bougé
Les syndicats patronaux en présence (MEDEF, CPME) ont campé sur leurs positions tout au long de ces 4 mois : il n’y aura pas de retour à un âge légal à 62 ans. La CGT et FO ont bien vite vu que cette immobilité était le signe que tout ce dispositif était une mascarade, un simulacre de négociations qui n’aboutira strictement à rien. C’est la raison pour laquelle FO quitta les discussions dès la première séance et la CGT à la mi-mars. Ne restaient alors que les mous, les invertébrés de la CFDT, de la CFE-CGC et de la CFTC pour représenter les salariés. Les patrons n’avaient alors qu’à jouer la montre.
Syndicats des salariés et syndicats des patrons se refilent la patate chaude de l’enlisement des discussions
« On a un problème avec le Medef, c’est qu’il ne veut jamais rien payer » dénonce le président de la CFE-CGC. Yvan Ricordeau, négociateur de la CFDT, ajoute que : « Le constat est fait que le patronat ne bougera pas sur la réparation de la pénibilité, c’est un échec de la négociation ». Les syndicats reprochent en effet aux organisations patronales leur réticence à mettre la main à la poche pour soutenir le système des retraites. François Hommeril, président de la CFE-CGC, a ainsi rapporté sur France Info que le Medef laisserait le soin aux salariés et aux retraités le soin de fournir les efforts financiers nécessaires et que :« […] nous, de toute façon, le Medef, on ne dépensera pas un seul centime pour aider l’issue des discussions ». Le patronat a de plus répété qu’il était hors de question d’augmenter les cotisations sociales.
Ainsi, pour les syndicats de travailleurs, la CPME et le Medef bloqueraient les négociations sur la pénibilité et la répartition des sources de financement pour combler le déficit du régime, les points clés de la réussite de la rencontre. Bien évidemment, au nom du « réalisme économique » et de la « compétition internationale », les organisations patronales attribuent cet échec du conclave sur les retraites aux syndicats salariaux, affirmant que leur rétropédalage sur la volonté de suppression des départs anticipés pour pénibilité soit suffisante pour les représentants des salariés. Autre point dur que le patronat considère être de la responsabilité des syndicats, l’âge de retraite à taux plein. Le Medef et la CPME ont en effet concédé à abaisser cet âge de 67 à 66.5 ans, insuffisant pour les syndicats salariaux qui veulent qu’il atteigne les 66 ans.
La motion de censure du PS : aveu de L’échec du conclave sur les retraites
La motion de censure, bien qu’elle ait été débattue avec vigueur, a finalement échoué le 1er juillet, révélant les limites de la contestation parlementaire face à la stratégie gouvernementale. Nos représentants ne sont pas dupes pour autant quant à la tentative de temporisation menée par François Bayrou. Les deux camps négociateurs du conclave campent toujours sur leurs positions sur les sujets cruciaux de la rencontre. Le Premier ministre estime qu’une solution est en passe d’être trouvée, et a ainsi convié les partenaires sociaux à Matignon ce lundi 30 juin. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, appelle de son côté François Bayrou à convier la CGT et FO pour cette ultime réunion. Cet échec révèle le clivage fondamental entre la gauche, qui a voté pour la censure, et la droite qui a voté contre, quant à la question des retraites.